Cinema Événement Société

Trois actrices et trois films à ne pas manquer

À l’affiche dans les salles montréalaises cette semaine.

Marion Cotillard dans De Rouille et d’Os, de Jacques Audiard.

Marion Cotillard est renversante en dompteuse d’orques amputée des deux jambes. Drame social à la fois cru et sensuel, sur une côte d’Azur pas glamour pour un sou, De Rouille et d’Os est l’histoire de deux estropiés à la dérive. Ali est un boxeur, une force brute mais sensible et désillusionnée. Stéphanie, elle, est délicate, son corps est blessé mais son caractère est bien trempé. Les deux sont marginaux. Les deux ont besoin l’un de l’autre pour exister. Chacun a ses failles et ses blessures, mais ensemble, Stéphanie et Ali se dotent mutuellement d’une force naturelle et puissante pour retrouver vie.

Jacques Audiard signe une oeuvre toujours sobre et sans aucun misérabilisme, où la chair est brutalisée et la réalité crue mais où jamais ni les personnages ni le spectateur ne s’apitoient sur leur sort. Comme quoi, même handicapé ou sans argent, il est possible de vivre heureux et digne, dans une société pourtant conformiste et d’apparence.

Alicia Vikander dans Liaison Royale, de Nikolaj Arcel.

Nikolaj Arcel nous offre une page de l’histoire du Royaume du Danemark, alors que le conservatisme pourri de la noblesse et du clergé danois se retrouve confronté à des idées avant-gardistes venues d’Europe.

Dans Liaison Royale, Alicia Vikander est Caroline Mathilde, une princesse anglaise érudite devenue à la fin du XVIIIè siècle, une reine du Danemark douce et passionnée. Passionnée par Johann Struensee, médecin et nouvel ami du roi Christian VII, enfantin et déséquilibré. Passionnée par son progressisme. Adepte, comme elle, de la philosophie des Lumières, Struensee va rapidement séduire la reine. De leur rencontre amoureuse et intellectuelle, naîtra une révolution qui bouleversera le destin d’un pays aux moeurs encore médiévales. Mais si leur passion réformera les acquis conservateurs jusqu’ici bien protégés par les perruques de la Cour, elle se révélera bientôt dangereuse.

Emmanuelle Riva dans Amour, de Michael Haneke.

Anne et Georges sont octogénaires. Ils vivent ensemble depuis toujours. Aujourd’hui Anne est malade. Son corps est à l’agonie, paralysé. Tout doucement, son esprit s’en va aussi. Face à la maladie, Anne se renferme. Elle est à la fois fâchée et honteuse, inconfortable avec l’image que la vieillesse lui impose.

Dans cette souffrance physique et morale, Georges, lui, est un mari incroyablement aimant, totalement dévoué, attentionné et généreux. Soucieux, peiné, il redouble de courage pour stimuler sa femme résignée et faire perdurer ces moments privilégiés qu’ils peuvent encore partager.

Amour est un beau et triste moment. Amour de la musique. Amour des livres. Amour inconditionnel de l’un pour l’autre. Amour dépeint, dans le huis clos d’un appartement parisien, l’isolement d’un couple qui n’a manifestement jamais cessé de s’aimer et qui se retrouve aujourd’hui confronté aux difficultés de sa fin de vie. Amour explore, tout en simplicité, cette relation de couple et l’amour profond qui continue de lier deux éternels amoureux. Haneke nous offre un portrait réaliste, froid et sec, de la vieillesse, de son quotidien et de ses incommodités, qui se révèlent terriblement difficiles à accepter. Une réalité triste et humiliante qui n’occulte pourtant jamais l’essentiel. Car malgré la solitude, malgré une situation qui ne cessera d’aller de mal en pis, pour Anne et Georges le bonheur c’est d’être ensemble, jusqu’à la fin.

L’Amour à 80 ans est simple et puissant. Il est cruel aussi. Amour est poignant.

Alicia Vikander Amour De rouille et d'Os Emmanuelle Riva Liaison Royale Marion Cotillard Oscars 2013